Steven Pinker et Robert Muggah : « La démocratie libérale se porte très bien merci »
Démocraties fatiguées 3|6. La montée de l’autoritarisme est inquiétante, mais les libertés continuent leur marche en avant. Sans excès de confiance, battons-nous pour elles, estiment les chercheurs Steven Pinker et Robert Muggah.
Bien que certains pays et certaines villes soient plus mal lotis que d’autres, aussi incroyable que cela puisse paraître, le monde, globalement, est aujourd’hui plus sûr et plus prospère. Cela est d’autant plus vrai dans les sociétés démocratiques, qui se distinguent par une croissance économique plus élevée et des niveaux supérieurs de bien-être. Les guerres et les génocides sont généralement moins nombreux dans les pays démocratiques, la famine pratiquement inexistante, et les citoyens plus heureux, en meilleure santé et plus instruits qu’ailleurs.
La bonne nouvelle, c’est que la population mondiale, en grande majorité, vit actuellement en démocratie. Pourtant, dans certaines d’entre elles et pas des moindres, aux Etats-Unis par exemple, la montée de partis populistes et nativistes, et de leaders tendanciellement autoritaires suscite immanquablement un sentiment de pessimisme, beaucoup craignant pour l’avenir de la démocratie. Les gens ont-ils raison de s’inquiéter ?
La plupart d’entre nous oublient que la démocratie libérale est une idée relativement récente. Ses principes fondamentaux – la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme, les libertés civiles, la liberté d’expression et d’association, des médias pluralistes, des élections libres, régulières et ouvertes – ne se sont, en grande partie, véritablement implantés qu’au XXe siècle. Il y a encore quelques centaines d’années, la plupart des sociétés balançaient entre l’anarchie et diverses formes de tyrannie.
Jusqu’à l’ère moderne, les gouvernements n’étaient responsables que d’améliorations mineures dans la vie de leurs sujets, qu’ils contrôlaient le plus souvent par une répression brutale. On endurait un peu partout un despotisme sans pitié parce que la seule autre solution – l’état d’anarchie tel que décrit par Hobbes – était encore pire. L’émergence de la démocratie était tout sauf inéluctable.
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